semaine 3

Semaine numéro 3 résumée par...[ania]

Introduction d’un entraînement sportif d’une heure tous les matins. Pour être prêts à travailler, pour être au taquet !

Repas bien mérités, concoctés par le Chef (boui-boui traditionnel de Beyrouth).

Travail de son pour les chœurs. Recherches d’ambiances au moyen de percussions alternatives.

Ambiance de fête pour le premier chœur, danse orientale pour Sandra et pour Khaled en gros soldat.

Exercices vocaux et corporels avec les élèves du Grand Lycée, au théâtre.

Photos d’équipe pour la presse et pour l’affiche.

Premiers essais de costumes avec les moyens du bord en attendant l’arrivée de Kristelle, notre scénographe et costumière.

Atelier théâtre pour les enfants de l’association Afel. Nous parlons de la résistance d’Antigone, des injustices qu’elle subit, de sa rébellion. Les enfants de cette association se reconnaissent. Ils veulent jouer la scène. Improviser sur un canevas de leur choix, sorti de leur imaginaire. Ils inventent des histoires. Ils se rébellent alors contre leurs profs d’abord, puis contre leur père qui les bats. Mais ils ne veulent pas jouer leur propre rôle, ils veulent qu’on les appelle « Antigone ». Les uns après les autres, ils peuvent alors puiser dans la force de ce personnage de la mythologie pour dire non à quelque chose. Moments denses.

antigone [beirut] en répétition

[journal] d'antigone _ beyrouth en ce 15 novembre 2009 _ semaine 2

Ania, metteur en scène d’Antigone à Beyrouth, dit le 15 novembre 2009:


La deuxième semaine de travail s’est terminée aujourd’hui. Nous avons répété le spectacle et travaillé avec les écoles et l’association Afel tous les jours (sauf samedi) de 10h00 à 19h00.


Les répétitions avancent très vite et nos désirs sont ambitieux. Il nous reste trois semaines pour mettre ces délires de l’imaginaire en forme.


La semaine aura été marquée par trois moments forts :


Les discussions autour de la violence ménagère.

Les discussions autour de la question de résistance au Liban, comparée à la résistance d’Antigone.

Les discussions avec les élèves des écoles.


Lors d’une répétition de la scène de conflit entre Antigone et Créon, qui se passe devant les notables de la ville, les acteurs ont proposé que Créon se serve de la violence physique sur sa nièce Antigone. Sans me prononcer, je les ai laissé faire. La scène a été envahie d’une violence effroyable. Créon battait Antigone avec sa ceinture (nous faisons du théâtre). J’ai été très intéressée par ce que j’ai vu, la scène était très bonne, mais il ne me semblait pas vraisemblable que cet oncle puisse ainsi battre Antigone en public. Les acteurs ses sont alors assis et m’on longuement expliqué que la question de la violence au sein de familles est extrêmement différente entre le Liban et la Suisse. Ici, un père de famille ou un oncle ne perd (ou ne perdait) pas de crédibilité auprès de son entourage s’il bat son enfant en public, même au contraire… Ils m’ont parlé d’eux, de leur vécu. Si nous intégrons cette proposition dans le spectacle, nous pouvons alors considérer que nous dénonçons cette forme de violence.


Puis nous avons aussi abordé la question de la résistance au Liban (résistance à la Syrie, à Israël). Jusqu’où peut aller la résistance ? Jusqu’à donner sa vie ? Contre qui est cette résistance ? Comment la vivent-ils au quotidien ? Quelle colère la résistance engendre-t-elle chez de jeunes adultes qui n’ont connu leur pays que menacé de guerre ? En quoi peuvent-ils comprendre le sacrifice qu’Antigone fait de sa vie ?

Les résistants existent ici, ils sont nombreux, et ils sont prêts à le devenir.


Chaque jour, nous nous sommes rendus dans une école ou une association différente aux quatre coins de la ville.


Je vais relater ici une situation où nous avons rencontré dans une école une jeune Antigone libanaise. Khaled a demandé aux élèves si parmi eux il y avait quelqu’un qui serait prêt à donner sa vie pour une cause, en disant bien que lui ne s’en sentirait pas du tout capable. Une jeune fille de quinze ans a levé la main et a répondu fermement « oui, moi ». Nous lui avons demandé de développer sa réponse. Elle nous a dit avec une insolence propre à l’adolescence qu’elle ne voyait pas de sens à sa vie si elle ne savait pas pourquoi elle vivait ni pourquoi elle mourrait. Nous en sommes restés hébétés. Cette jeune élève a aussi abordé la question de la femme au Liban, qui n’ose pas affirmer ses idées, qui n’ose pas prendre la parole. Elle a comparé ces femmes à Ismène, la sœur d’Antigone.


La professeure de cette classe nous a ensuite rappelé combien cette pièce de Sophocle touchait à des tabous au Liban, que ces élèves généralement très loquaces n’osaient pas s’exprimer. De peur de toucher à des questions politiques ou de libération de la femme...

[journal] d'ania _ arrivée à beyrouth en ce 2 novembre 2009

Ania, metteur en scène d’Antigone depuis Beyrouth,
dit le 9 novembre 2009:

Je suis arrivée de Genève à Beyrouth dimanche 2 novembre 09. Vicky, la grand-maman de Khaled m’héberge. Khaled est un acteur de notre spectacle. Il est d’origine libanaise mais il vit en Suisse. Khaled arrive mardi à Beyrouth.

Je suis touchée et heureuse de retrouver Vicky qui nous avait très gentiment accueillis chez elle
en 2008, lorsque nous nous sommes soudainement retrouvés au milieu des conflits armés qui avaient envahi le pays. Pour mon arrivée, elle a préparé un tartare de viande crue qu’elle a ramené le jour même de la montagne. Je suis aussitôt plongée dans le Liban…

Lundi matin, je retrouve Alain, avec qui nous avions déjà répété en 2008. J’ai tellement pensé à ce spectacle dont je vais faire la mise en scène et aux collaborateurs lors de mes mois de préparatifs en Suisse, que j’ai l’impression de l’avoir déjà revu depuis des semaines.

Le travail commence à toute allure. Auditions pendant deux journées. Et le mardi soir, il nous semble que nous pouvons déjà prendre une décision quant aux personnes avec qui nous allons travailler. J’ai trouvé le niveau des auditions très bon, mais le choix se dessine assez naturellement vers trois nouvelles personnes qui rejoindront notre équipe: Sandra, Shereen et Raffi. L’équipe de création est donc composée de sept personnes : Alain, Khaled, Shereen, Sandra et moi-même au jeu d’acteur. Raffi fera une création sonore au moyen de percussions alternatives et Kristelle qui est en France nous rejoindra le 26 novembre pour réaliser le décor et les costumes. A cela nous pouvons ajouter Hagop qui fera la création lumière les derniers jours de création.

Par ailleurs l’équipe du Théâtre Monnot, composée de Nasri, Ziad et Paul travaillent sur des questions administratives de gestion du projet.

Mercredi est une journée d’organisation et de travail de mise en route avec les écoles et associations, dans le but de réaliser notre projet de sensibilisation autour des thématiques telles que l’importance de la conscience individuelle et les dangers du totalitarisme, thématiques abordées dans la pièce d’ « Antigone ».

Jeudi matin, toute l’équipe monte dans un bus et nous nous rendons à Biblos. Première lecture du texte dans un théâtre de l’Antiquité sous un soleil de plomb, face à la mer. L’objectif de cette escapade est d’ancrer le texte de Sophocle dans le temps, de se souvenir qu’il a 2500 ans, qu’il restera d’actualité en tous cas encore aussi longtemps et que nous n’allons être que les passeurs de cette histoire. Evidemment, ici, au Liban, je vais demander aux acteurs de me parler d’eux, de ce que leur histoire personnelle leur apporte pour comprendre le conflit d’Antigone et de Créon. Mais si par hasard, nous devions dévier de notre route et nous perdre dans des conflits actuels libanais, nous reviendrions à Sophocle et à notre responsabilité de raconter l’histoire d’Antigone avant tout.

Vendredi, nous avons commencé notre rythme de croisière de répétitions dans une salle qui nous sera réservée pendant toute la période dans le théâtre. Nous avons aussi rencontré la directrice de l’association Afel, avec qui nous allons collaborer. L’Afel a pour but d’accueillir l’enfant défavorisé, d’assurer son développement, d’aider sa famille à se réaliser et à rendre son milieu apte à son épanouissement.

Week-end congé. Les acteurs apprennent leur texte. Et je réfléchis…
Dimanche discussion sur skype avec Kristelle qui prépare déjà notre décor et nos costumes depuis la France.

croquis et image du dispositif scénographique d'antigone


planche croquis et recherches scénographiques pour le dispositif d'antigone| kristelle paré, en prémice de au projet antigone 09 | m.e.s ania temler


planche de rendu3d de la scénographie pour le projet d'antigone| kristelle paré, en prémice de au projet antigone 09 se jouant de l'intégration d'ombre et de projection | m.e.s ania temler

recherches et prémices à la scénographie d'antigone


De antigone
planche d'ambiance+texture | kristelle paré, en prémice de au projet antigone 09 | m.e.s ania temler



De antigone
planche croquis d'un premier axe de recherches scénographiques envisagées pour antigone| kristelle paré, en prémice au projet antigone 09 | m.e.s ania temler


De antigone
planche de modélisation rendu 3d d'un premier axe de recherches scénographiques envisagées pour antigone| kristelle paré, en prémice de au projet antigone 09 | m.e.s ania temler